Crédit photo Fonds-Daniel Abel
Un territoire en expansion
L’exploration du territoire n’est pas encore complétée en Nouvelle-France. Ainsi, de nouveaux paysages et de nouveaux peuples sont découverts.
L'on a su qu'à dix journées au-delà de ceux-ci, il y a un pays où il fait six mois de nuit, savoir trois mois de nuit toute noire et sans aucun jour, et trois mois d'un jour sombre comme le crépuscule. Le pays est habité, quoi que presque toujours couvert de neige très-profonde, et il n'y a qu'un petit intervalle de temps, où l'on voit la terre. Il n'y a pas un seul arbre, et les prairies n'ont pas l'herbe plus longue que le doigt. Les habitants vivent de cerfs, de castors, et d'ânes sauvages, et comme ils n'ont point de bois, ils font du feu avec les os, les peaux, et le poil des bêtes qu'ils tuent. On cherche les moyens de les aborder, pour tâcher (…) d'en faire des Enfants de Dieu. (Cor. CCLXVIII)
Marie accompagne les missionnaires dans leurs expéditions aux quatre coins du pays, par la pensée et par la prière.
Il est vrai qu'encore que notre clôture ne me permette pas de suivre les ouvriers de l'Évangile dans les nations qui se découvrent tous les jours : étant néanmoins incorporée comme je suis, à cette nouvelle Église, notre Seigneur m'ayant fait l'honneur de m'y appeler, il me lie si fortement d'esprit avec eux, qu'il me semble que je les suis partout [...]. (Cor. CCXIII)
Par la finesse de son écriture, Marie de l’Incarnation nous fait pénétrer dans cette terre de mystère à travers son fleuve, ses lacs, ses rivières, ses montagnes et ses forêts qui lui ont été racontés par les visiteurs du Parloir et qu’elle transmet avec passion à ses correspondants.
Un pays qui se souvient :
Ce territoire qu’elle a tant aimé, porte maintenant son nom : du plus grand gratte-ciel de la Ville de Québec aux ruelles, ponts et rues de Montréal au Saguenay, en passant par Trois-Rivières, le nom de Marie Guyart de l’Incarnation, est gravé dans notre pays.
Librement inspiré du texte de Lucie BARLETT-JEFFREY Marie Guyart ou l’éclatante Vastitude, dans : Marie Guyart de l’Incarnation, Singularité et universalité d’une femme de cœur et de raison, Presses de l’Université Laval, Québec, 2019, p. 293-304