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Enseignement sous le frêne

L’appel des grands espaces

 

En côtoyant les Autochtones, Marie de l’Incarnation comprend leur étroite relation au territoire. C’est ainsi que par respect de leur attachement aux grands espaces, la supérieure des Ursulines n’empêchera jamais ses élèves amérindiennes de passer par-dessus la clôture du monastère, comme des écureuils.

 

D'autres [élèves autochtones] n'y sont que comme des oiseaux passagers, et n'y demeurent que jusqu'à ce qu'elles soient tristes, ce que l'humeur sauvage ne peut souffrir : dès qu'elles sont tristes les parents les retirent de crainte qu'elles ne meurent. Nous les laissons libres en ce point, car on les gagne plutôt par ce moyen, que de les retenir par contrainte ou par prières. Il y en a d'autres qui s'en vont par fantaisie et par caprice ; elles grimpent comme des écureuils notre palissade, qui est haute comme une muraille, et vont courir dans les bois. (Cor. CCXXXV)

 

 Crédit photo Fonds-Daniel Abel

Un territoire qu’elle raconte

 

Marie de l’Incarnation, sans quitter son cloître, nous fait découvrir, comme si nous y étions, de nombreux paysages qu’elle raconte, sans les avoir vus. En voici un exemple :

 

Ils [les hommes de l'armée française] ont marché par des chemins des plus difficiles qu'on se puisse imaginer parce qu'il y faut passer à gué plusieurs rivières, et faire de longs chemins par des sentiers qui n'ont pas plus d'une planche de large pleins de souches, de racines et de concavités très dangereuses. Il y a cent cinquante lieues de Québec aux Forts qu'on a fait sur la rivière des Iroquois. Ce chemin est assez facile, parce que l'on peut y aller en canot et en chaloupe, y ayant peu de portages; mais passer au-delà, c'est une merveille que l'on en puisse venir à bout parce qu'il faut porter les vivres, les armes, le bagage et toutes les autres nécessités sur le dos.  (Cor. CCXXV)

Librement inspiré du texte de Lucie BARLETT-JEFFREY   Marie Guyart ou l’éclatante Vastitude, dans :  Marie Guyart de l’Incarnation, Singularité et universalité d’une femme de cœur et de raison, Presses de l’Université Laval, Québec, 2019, p. 293-304

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